La maladie de Newcastle a un impact économique énorme en production avicole non seulement en occasionnant beaucoup
de mortalités dans les pays atteints mais aussi en terme de coût de vaccination et de contrôle pour les pays indemnes.
Voilà pourquoi cette maladie est déclarée comme contagieuse eu égard à la loi et que des mesures draconiennes sont prises
lors de la découverte d’un cas.
Tout isolement de souche virulente doit être rapporté à l’Organisation Mondiale de la Santé.
Lors de la mise en évidence d’un cas de la maladie de Newcastle, des mesures sanitaires sont prises : abattage des oiseaux, nettoyage et désinfection des installations, mise en place d’une zone de quarantaine autour du foyer pendant au moins 21 jours.
La paramyxovirose est due à un paramyxovirus ( PPMV1) issu d’une adaptation d’un paramyxovirus du poulet (APMV1) au début des années 80. On appelle communément Maladie de Newcastle la maladie provoquée chez les volailles par le virus APMV1, tandis qu’on appelle Paramyxovirose, la maladie provoquée chez le pigeon par le variant PPMV1.
Il est d’autre part important de savoir que le pigeon est sensible à la fois au virus pigeon PPMV1 et au virus volaille APMV1 et que la volaille est à la fois sensible au virus volaille APMV1 et au virus pigeon PPMV1.
Ces deux virus peuvent d’ailleurs infecter une quantité importante d’espèces d’oiseaux (27 des 50 ordres d’oiseaux pour APMV1 d’après Jorgensen et al 1998)
Ce virus est très résistant dans le milieu extérieur et largement répandu dans la faune sauvage.
La contagiosité est très importante, la transmission se fait principalement par ingestion ou inhalation de « poussières virulentes » en suspension dans l’air mais les facteurs mécaniques tels que l’homme ( mains, bottes, vêtements) et les objets contaminés (paniers, camions …) sont également à considérer.
La sévérité des symptômes dépend de la pathogénicité de différentes souches.
Selon la sévérité des symptômes, le PMV (APMV1 ou PPMV1) peut être classé en 3 types pathologiques : les souches lentogènes, une légère infection respiratoire supérieure peut parfois être constatée mais la plupart du temps l’infection passe inaperçue ; les souches mésogènes après une phase respiratoire brève passant souvent inaperçue donnent des symptômes digestifs modérés pouvant être suivis par des symptômes nerveux modérés avec une mortalité modérée ; les souches vélogènes pourraient être divisées en viscérotropes et neurotropes avec apparition soit directement de symptômes nerveux sévères ou apparition de symptômes digestifs sévères suivis ou non de symptômes nerveux si l’animal n’est pas déjà mort, les deux occasionnant une mortalité importante.
Les souches lentogènes servent de base à l’élaboration de vaccins.
Actuellement, dans une bonne partie des cas de maladie de Newcastle officiellement déclarés est isolé le variant pigeon PPMV1.
De là à penser que les autorités sanitaires pourraient accuser le monde colombophile d’un manque de sérieux dans la gestion de la vaccination des pigeons voyageurs contre la paramyxovirose, il n’y a qu’un pas.
Nous devons donc montrer un maximum de sérieux et de connaissances dans ce domaine.
Chez le pigeon voyageur , seuls les vaccins inactivés (souche lentogène « tuée ») ont une autorisation de mise sur le marché . En effet, les vaccins atténués comportent un risque de dissémination du virus par leur mode d’administration (eau de boisson, gouttes oculaires ou nasales) et un risque de ré-excrétion ou d’augmentation de la pathogénicité du virus.
Bien que ces vaccins inactivés offrent de meilleures garanties de sécurité, ils présentent divers inconvénients qui sont la présence d’un adjuvant qui sert à créer une réaction inflammatoire locale dans le but d’appeler les cellules immunitaires au lieu de l’injection, le virus de part son traitement ne s’y multipliant pas . Cet adjuvant peut donner des réactions locales, un adjuvant aqueux donne moins de réactions locales qu’un adjuvant huileux.
Ce type de vaccin est plus sensible aux anticorps maternels et peut donc ne pas être efficace en vaccination précoce du pigeonneau . De plus, la réponse immunitaire est plus lente et moindre, l’immunité locale est plus faible d’où la nécessité d’injecter une seconde dose 3 à 6 semaines après la première injection en primo-vaccination par avoir un effet « booster » sur la production d’anticorps.
D’ailleurs, les vaccins inactivés sont à ma connaissance uniquement employés en rappel de vaccination chez les volailles de production.
Actuellement, la plupart des jeunes pigeons sont infectés par le Circovirus qui provoque une baisse d’immunité. Cet infection peut être accompagnée ou non de symptômes.
Lorsqu’il y a des symptômes, on parlera de « maladie du jeune pigeon » se traduisant par une diarrhée très liquide et un dépérissement. A noter qu’une diarrhée due à Circovirus est impossible cliniquement à différencier d’une diarrhée à paramyxovirus avant l’apparition de symptômes nerveux.
A cause de cette baisse d’immunité , une paramyxovirose clinique pourrait apparaître avec un paramyxovirus moins pathogène, par exemple une souche mésogène qui ne donnerait pas de symptôme en temps normal et à cause de cette baisse d’immunité , une vaccination pourrait aussi être moins efficace.
Il est très important d’utiliser un vaccin ayant une Autorisation de Mise sur le Marché pour le pigeon voyageur car ces vaccins ont un adjuvant adapté.
En effet, il a été prouvé par Duchâtel et al lors d’essais que les adjuvants employés dans les vaccins pour volailles n’étaient pas adaptés au pigeon voyageur et qu’il faudrait employer près de cinq fois la dose préconisée pour les volailles avec les problèmes que cela peut poser pour conférer au pigeon une immunité identique aux vaccins spécifiques pigeons voyageurs.
D’autre part, je ne pense pas que la spécificité française de vaccination par le colombophile soit en cause car en Belgique, alors que la vaccination obligatoire est réalisée par le vétérinaire, le PPMV1 est aussi très souvent trouvé.
Tous les pigeons doivent être vaccinés tous les ans !
Si vous ne vaccinez pas les reproducteurs, non seulement ils ne seront plus protégés contre la maladie mais en plus ils ne donneront pas d’anticorps aux jeunes qui seront incapables de se défendre une fois nés. La paramyxovirose est une maladie systémique, le pigeonneau a besoin d’anticorps systémiques (des IG G) pour se défendre, ceux-ci lui sont donnés par le vitellus dans l’œuf, les anticorps locaux (IG A) étant plutôt donnés par le lait de jabot.
Si vous attendez d’avoir plusieurs tournées pour vacciner les jeunes pigeons, ceux –ci pourront contracter la maladie dès que les anticorps maternels auront disparu.
La vaccination « in ovo », c’est vacciner l’oiseau dans l’œuf.
Avec une aiguille, on perce la coquille, on traverse la chambre à air et on injecte une dose de vaccin dans le liquide amniotique.
Cette technique est de plus en plus utilisée dans les élevages de volailles, le vaccin est peu antagonisé par les anticorps maternels.
Chez la volaille, cette technique a nécessité l’emploi de souches particulières à pathogenicité réduite. La vaccination doit être réalisée à un moment bien précis au 18ème jour. Un matériel d’injection spécial est employé.
Il serait intéressant d’essayer ce type de vaccination en tentant de l’adapter pour les élevages colombophiles car il serait ainsi possible de créer une immunité chez le pigeonneau avant l’action immunosuppressive du Circovirus puisque la transmission horizontale est prédominante dans cette maladie.
En conclusion, en attendant les évolutions techniques et les progrès dans l’élaboration des vaccins, je vous conseille de vacciner tous vos pigeons et vos jeunes deux fois en primo-vaccination par voie sous-cutanée avec un vaccin ayant une Autorisation de Mise sur le Marché pour les pigeons voyageurs.
Une petite anecdote avant de terminer.
Savez-vous que le APMV1 dénommé aussi NDV( Newcastle Disease Virus) a été et est encore utilisé en médecine humaine pour le traitement de certains cancers ?
En effet, on a remarqué que ce virus se répliquait sélectivement dans les cellules tumorales humaines et pouvait ainsi entraîner leur élimination par l’organisme.
Un nuisible pour certains peut devenir utile pour d’autres